さようなら

6 décembre 2018 : Dernier jour de mon périple asiatique. Dernier jour à Okinawa ! Ce soir un avion me ramènera à Taïwan et je m’envolerai vers la France.

J’ai profité de la pluie pour redescendre sur Naha hier. De ce fait, je suis tranquille pour visiter un peu plus cette ville. Mon sac est dans une consigne et j’ai déjà rendu la voiture. Plus rien ne me retient. Mes pas me guident vers le jardin Fukushuen. J’avoue que je ne savais trop où aller mais en cherchant un peu sur le net, je suis tombé sur quelques photos qui m’ont données envie d’aller y jeter un coup d’oeil…

… et je n’en reviens pas ! Alors que j’étais au coeur d’une ville agitée et pas très jolie, il faut bien l’avouer, je découvre un écrin de nature insoupçonnée. Un coin calme également, mais peut-être est-ce du à l’heure matinale. Jusqu’à présent, ou du moins jusqu’à hier et la visite du château de Shigeru, j’avais du mal à me dire que j’étais au Japon. Rien ne correspond, si ce n’est la langue et ce qui en découle, à l’idée que je me faisais de ce pays. Il faut dire que je suis sur une des îles les plus méridionales. La végétation et le climat y sont tropicaux, on est bien loin des forêts boréales et des hivers rigoureux d’Hokkaido. Et ce jardin, cette architecture, tout comme le château, me plongent enfin dans le Japon de mon imaginaire. Un imaginaire subjectif et un peu cliché peut-être.

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Le jardin est fabuleux. Des koïs dessinent des cercles dans l’eau et quelques tortues les suivent dans leurs aventures aquatiques. Des bambous et des bonsaïs me confortent dans ma prise de conscience. Des temples et des statues rivalisent de beauté. Les détails sont saisissants et au milieu de tout ce calme résonne le chant de quelques oiseaux.

Au niveau de l’avifaune citadine, rien d’exceptionnel à déclarer. Les oiseaux qui valent le détour sont l’apanage du nord d’Okinawa et j’ai déjà eu beaucoup de chance à ce sujet. Non ici, les oiseaux sont plus « traditionnels » mais prouvent une fois de plus qu’en étant attentif, qu’en tendant un peu l’oreille, on peut observer bien plus que les classiques pigeons. D’ailleurs en parlant de columbidae, l’occasion est trop belle d’immortaliser la commune Tourterelle orientale, une sous-espèce endémique des Ryukyu comme pas mal d’animaux de la région.

DSC08173Tourterelle orientale

Je quitte le jardin et traverse la rue. Un parc m’attend. Cet espace vert est beaucoup moins attractif que celui que je viens de quitter. Peu de verdure au final et juste quelques arbres pour apporter un peu d’air pur à la pollution ambiante. Là aussi, il y a des oiseaux, et si les Bulbuls de Chine, bien que présents à Okinawa, faisaient la loi dans le ciel taïwanais, ici, ils sont remplacés par les omniprésents Bulbuls à oreillons bruns qui chantent à tue-tête un air strident et peu mélodieux.

DSC08179Bulbul à oreillons bruns

Plus surprenant, en suivant de virevoltants Pouillots à grands sourcils, je me retrouve face à une Mésange de Chine, celle-là même qui évite mon objectif depuis mon arrivée en terres japonaises. Mais sa vivacité met mes nerfs à rude épreuve et je ne dois mon salut qu’à un instant de relâche inattendu. Je saisis l’opportunité, la cible est trop facile.
 
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Mésange de Chine
 
Je commence à rebrousser chemin, il me faut récupérer mon sac avant de gagner l’aéroport. Le décor change du tout au tout et se succèdent de chaque coté de l’avenue des centaines de boutiques de souvenirs vendant toutes les mêmes choses, mais jamais celles que l’on cherche. Au milieu de ces échoppes fouillis dans lesquelles s’amoncellent des objets qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, quelques autres à l’apparence plus classes, se démarquent. Propres, bien rangées, épurées, spacieuses et lumineuses… tout pour plaire. Qui plus est, les articles sont plutôt soignés et se vantent d’être bio, notamment en ce qui concerne les vêtements. En regardant de plus près, je me rends compte qu’il y a anguille sous roche. Que des bijoux soient réalisés à base de coquillages passe encore (quoique je me doute qu’ils n’ont pas été ramassés au cours d’une petite promenade familiale en bord de mer), mais j’ai beaucoup plus de mal avec ceux en os de baleine… Puis me sautent aux yeux ce que je n’avais pas vu ou voulu voir : fanon en pendentif, crâne de narval (prix de vente : 280 000 ¥), mâchoire de cachalot, scie de poisson-scie… je m’interroge, je ne comprends pas… Comment peut-on vendre des t-shirts à base de « I believe in dugong » ou encore de « Don’t touch Wildlife », et des ossements de cétacés dans la même boutique ? Y a t-il une logique ? Peut-être suis-je trop fermé d’esprit, peut-être y a t-il une subtilité que je n’ai pas saisi ? Peut-être est-ce une façon de mauvais goût de dire « afin de ne pas oublier que des baleines ont un jour peuplé nos océans, gardez une part d’elles autour de votre cou ! »… A la réflexion, peut-être que rendre ce commerce légal est un bon moyen de lutter contre le braconnage, le trafic et le marché noir. Une sorte de « sacrifier une baleine, pour en sauver cent »… Ou peut-être qu’il n’y a aucune logique ? On n’est de toute façon pas à une contradiction près… on promeut les sorties whale-watching d’un coté et de l’autre, on réalise des carnages en Antarctique…

Je tente de rassembler mes pensées positives. Je quitte Okinawa en ayant vu ou photographié dans le meilleur des cas, les quelques spécialités ornithologiques que cette île propose. Je quitte l’Asie, ravi par tant de cultures et de diversité. Cela faisait un moment que je souhaitais y remettre les pieds mais comme bien souvent le développement à outrance du tourisme me faisait changer d’avis. Pas envie d’entendre parler français à chaque coin de rue, il me fallait trouver les bonnes destinations. C’est chose faite.

En route !

 

2 réflexions sur “さようなら

  1. Je découvre avec cet article une nouvelle sorte de mésange… Qui m’a l’air aussi curieuse et malicieuse que ses cousines d’ici !

    Je te rejoins sinon sur la contradiction remarquée dans la vitrine… (ça me fait penser aux gens qui veulent te faire signer des pétitions pour la protection des animaux en portant des mocassins en daim). Non ce n’est pas une démarche logique à nos yeux, mais peut être faudrait il échanger, essayer de comprendre sans juger, peut être y a-t-il, comme tu dis, une logique qui nous échappe.

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